Aux origines de l’agriculture urbaine

Dans un monde où les villes prennent de plus en plus de place, où l’urbanisation est omniprésente mais qui subit toujours les mêmes problématiques de pénuries alimentaires et de mauvaises répartitions des ressources, l’agriculture urbaine s’affiche comme une solution s’inscrivant dans un mouvement durable.

L’agriculture urbaine est née durant les crises alimentaires, immobilières et environnementales qu’ont connu nos ancêtres. Par manque de moyen pour transporter les fruits et légumes des potagers jusqu’aux villes, les habitants des zones urbaines ont donc commencé à créer des petits potagers au cœur des villes et en banlieues. C’est ce qu’on appelle les potagers urbains.

Dès l’an -4000 en Mésopotamie dans la ville d’Uruk, les pratiques de l’agriculture urbaine apparaissent avec la civilisation sumérienne. Plus récemment dans les années 1970, l’artiste plasticienne Liz Christy transforme des zones industrielles en véritables potagers où l’on retrouve fruits, légumes et plantes.

À la suite de la chute du mur de Berlin au début des années 1990, Cuba se retrouve privée de pétrole à cause de l’embargo américain. Cuba est donc contrainte de développer son agriculture intra-muros. Et cela passe évidemment par la culture dans les villes.

Suite à la désertion de sa population dans les années 1970 dû au départ des constructeurs automobiles, la ville de Détroit dans le Michigan tente de se reconstruire fin des années 1990 avec l’agriculture urbaine. En 2013, Détroit comptait 1300 jardins dans la ville employant ainsi 16 000 personnes.

Au 19ème siècle, Paris et ses habitants sont principalement nourris par une zone maraîchère située entre Aubervilliers et Courneuve. Néanmoins, avec l’arrivée du train, de l’industrialisation et de l’agrandissement de Paris, cette zone disparait petit à petit. Avant la Première Guerre mondiale sont donc créés les jardins ouvriers, permettant à de nombreux foyers de récupérer leur indépendance alimentaire.

Depuis les années 1970, de nombreuses agences internationales s’intéressent au phénomène d’agriculture urbaine. Le programme JASSUR, lancé en 2013 dans sept agglomérations françaises, vise à saisir le phénomène d’agriculture urbaine sous toutes ses facettes. En effet, elle représente pour certains un lien social, pour d’autres une activité commerciale.

Le défi pour les scientifiques de ce programme est de comprendre le succès des jardins potagers des villes. Dans un monde où l’on va de moins en moins faire confiance aux produits importés et se diriger de plus en plus vers des circuits courts et des produits dont on connait l’origine, l’agriculture urbaine s’inscrit dans un modèle alternatif.

Bien que l’agriculture urbaine seule ne peut résoudre les problèmes de famine dans le monde ou la pauvreté dans certains quartiers de France, elle garantit la création de lien social, d’emplois et de produits écologiques et équitables.