L’Agence régionale de la biodiversité en Île-de-France (ARB IDF) et ses partenaires ont initié entre 2017 et 2019, l’étude scientifique GROOVES (Green ROOfs Verified Ecosystem Services), afin d’évaluer les bénéfices apportés par les toitures végétalisées, jusque-là peu étudiées.

Le périmètre d’étude

Au total, 36 toitures du grand Paris de typologies différentes (extensives, semi-intensives, intensives et sauvages), ont été étudiées au travers de prélèvements de substrats et d’inventaires minutieux des plantes et invertébrés. Comment les toitures végétalisées remplissent des fonctions écologiques et ont un impact positif sur la biodiversité et l’environnement ?

L’étude a notamment été portée par Marc Barra – écologue – et Hemminki Johan – naturaliste et écologue – tous deux travaillant à l’Agence Régionale de la Biodiversité d’Ile-de-France. Leur constat : la biodiversité n’arrive plus à se maintenir dans les villes, augmentant les problématiques dues aux changements climatiques (effet d’îlot de chaleur, risques d’inondation et de ruissèlement…). Selon ces experts, il y a un grand intérêt à revégétaliser les villes afin d’améliorer la qualité de l’air et permettre le stockage de l’eau dans les sols.

Les travaux de recherche de l’ARB IDF s’appuient sur les travaux réalisés en 2014 par le Museum d’Histoire Naturelle, pionnier sur le sujet des toitures végétalisées.

Des espèces très diverses observées

Une étude allemande de 2018 montre une baisse significative de la biomasse des insectes de 80%, menaçant le maintien d’un écosystème fonctionnel. Cela engendre notamment des effets indirects sur les oiseaux, qui s’en nourrissent.

L’étude de l’ARB IDF s’est intéressée à l’attrait de la faune et la flore pour les toitures végétalisées et constate une présence très riche et diversifiée. Concernant la flore, 400 espèces de plantes ont été identifiées, dont 70 dites spontanées, portées par le vent ou les animaux. Concernant la faune, 600 espèces ont été identifiées, parfaitement reparties entres les différents groupes (insectes, araignées, mollusques…). Toute une chaine alimentaire est alors représentée sur les toitures végétalisées. Plus la profondeur de substrat est élevée, plus la biodiversité observée est riche et variée. A partir de 15cm de profondeur, la diversité des espèces observées est réellement significative.

Les toitures végétalisées sont également un lieu de transition pour certaines espèces, qui viennent y faire un point d’étape avant de se déplacer ailleurs. Elles servent de micro milieu, d’habitat refuge en milieu urbain.

dépollution toitures végétalisées

Lutte contre le ruissellement et la pollution de l’air

Les experts se sont intéressés aux résultats de l’étude sur la rétention d’eau et l’humidification des substrats par prélèvements. Ils démontrent que les toitures végétalisées de plus de 8cm sont capables de retenir une pluie courante en Ile-de-France. Ces résultats sont intéressants pour les collectivités, permettant de lutter contre les problèmes de ruissèlement dans les régions denses.

Les toitures végétalisées constituent aussi un filtre naturel et améliorent la qualité de l’air dans les villes, préservant ainsi la santé des habitants. Par exemple, l’usage de sedum (petite plante grasse) permet de piéger les particules fines, mises en cause notamment dans les infections respiratoires chez l’Homme.

biodiversité toitures végétalisées

Une solution pour la rénovation des bâtiments existants

Selon l’étude GROOVES, les toitures végétalisées constituent un bon isolant pour les logements situés en dessous. L’isolation par la terre est bénéfique dans le cadre de la rénovation, les pays nordiques ont été les premiers à l’utiliser. L’Agence de l’Eau de Seine Normandie accompagne ces projets en finançant les toitures végétalisées au titre d’une meilleure gestion des eaux de pluie en milieu urbain.

Le poids du substrat ne constitue pas un risque pour les bâtiments, grâce à l’expertise des ingénieurs. Une prouesse a été réalisée dans l’échantillonnage des 36 toitures sélectionnées pour l’étude : la toiture de l’école des Sciences et de la Biodiversité à Boulogne avec ses 2m de profondeur.

Rétention de l’eau, dépollution de l’air, réintroduction de la biodiversité en ville…Autant de bénéfices apportés par les toitures végétalisées mis en lumière par l’étude GROOVES !